LA VIE DU DAUPHIN AU TEMPLE DU 13 AOUT 1792 AU 24 JUILLET 1794
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Du 3 juillet 1793 au 19 janvier 1794⇑
La vie de celui qui était devenu Louis XVII se déroula sous la garde des époux Simon. Ceux-ci n’eurent pas envers le jeune Roi le comportement cruel que les historiens leur attribuèrent. Antoine Simon était un personnage rude, il est vrai et avait un langage quelque peu grossier que Louis XVII apprit… mais sa femme, sut donner à l’enfant des soins attentifs en lui donnant une nourriture abondante, des vêtements bien entretenus et en lui achetant même des jouets.
Le Docteur Thierry, médecin des prisons et nommé par la Commune (il avait remplacé le dimanche 12 mai 1793 les Docteur Brunier, médecin des Enfants de France depuis 1788 à Versailles, et La Caze, chirurugien), qui visitait souvent l’enfant, trouva toujours ce dernier en bonne santé, sauf un mal qu’il soigna rapidement.
Madame Royale, dont le Journal fut « corrigé » par son oncle usurpateur, Louis XVIII, insinua que l’état de santé déficient du jeune Roi aurait commencé à se manifester dès juillet 1793. Les rapports faits par le Docteur Thierry indiquent la bonne santé générale de Louis XVII et, de façon détaillée, les remèdes prescrits et les menus des repas donnés à celui-ci. (Cf. Archives Nationales. F. 7-4392. Police Générale. Prisonniers du Temple, f.42. Commission des secours publics).
Les époux Simon étaient surveillés par la Commune de Paris et son Chef Chaumette quant à leur comportement envers le petit Roi. Il ne fallait pas se montrer trop tendre au risque de perdre la vie. Ce fut dans ce jeu, entre ombres et lumière, qu’ils durent organiser leur comportement quotidien envers l’enfant : dureté affichée lorsque les municipaux étaient présents, et bonté, surtout celle de Marie Jeanne Simon, lorsqu’ils étaient absents. La « femme Simon » aimait, en réalité « son petit Charles » ; elle n’avait pas eu d’enfant et elle reportait sur lui toute sa tendresse maternelle frustrée. Louis XVII ne l’oublia pas non plus et il alla la visiter à l’Hospice des Incurables en 1802. Elle le reconnut évidemment et ne cessa de l’affirmer et de faire des dépositions tellement gênantes pour le Pouvoir (Louis XVIII) que celui-ci la fit interner à la Salpêtrière, la faisant ainsi passer pour folle. (Archives Nationales F.7-6806).
Il est certain que Louis XVII adopta les manières des sans culottes que Simon lui inculquait (chants révolutionnaires, port du bonnet phrygien, vocabulaire grossier). On sait avec quelle peine horrifiée sa tante et sa sœur, du deuxième étage de la Tour où elles étaient enfermées, entendaient les chants de l’enfant, pendant qu’il jouait dans la cour.
« Nous l’entendions tous les jours chanter avec Simon la Carmagnole, l’air des Marseillais et mille autres horreurs. Simon lui mit le bonnet rouge et une carmagnole sur le corps…il lui apprenait à prononcer des jugements affreux contre Dieu, sa famille, et les aristocrates. Ma mère, heureusement, n’a pas entendu toutes ces horreurs »
« Mémoire » de Marie Thérèse Charlotte de France – Ed. Mercure de France- 1968- p.157
De fait, ces scènes devaient se passer après le 2 août 1793, date à laquelle en pleine nuit, vers 2 heures, on vint chercher Marie Antoinette pour la conduire à la Conciergerie afin d’être jugée. Cette éducation sans culotte que reçut le jeune Roi de Simon fit écrire à Madame Royale que
« Simon maltraitait (son frère) au-delà de tout ce que l’on put imaginer… »
« Mémoire » de Marie Thérèse Charlotte de France – Ed. Mercure de France- 1968- p. 155
Ce fut sous la contrainte de la Commune, (Chaumette et Hébert) qui cherchait à faire condamner la Reine, qu’en octobre 1793, Simon laissa l’enfant signer, sous une contrainte certaine (Chaumette et Hébert étaient les instigateurs de cette monstruosité), l’horrible déposition d’inceste contre sa mère et sa tante, qu’on lui fit faire sans qu’il pût comprendre ce dont il s’agissait (on lui avait fait dire que, dormant entre ces deux femmes, on lui avait appris l’onanisme).
Le 19 janvier 1794, Simon dut quitter le Temple ; il avait dû choisir entre une place de municipal à la Commune et celle de gardien dans cette prison ; il choisit la Commune. Sa femme le suivit peu après. En réalité, on le soupçonnait de « royalisme » - bien camouflé sous des jurons révolutionnaires – ce qui était vrai. Il périt avec Robespierre le 8 thermidor an II.
En conséquence, à la fin de janvier 1794, Louis XVII était bien portant. Nous le savons par :
- – Le procès-verbal de « décharge » de la garde du petit prisonnier, confié aux époux Simon, effectué par les quatre municipaux Legrand, Lasnier, Cocherfer et Lorinet qui précisent que les Simon « leur ont exhibé la personne dudit Capet en bonne santé ». (Collection Etienne Charavay- « Papiers du Temples ».;
- – La déclaration de Lasnier (à ne pas confondre avec Lasne, futur gardien du jeune Roi), gardien de Louis XVII, précisant également que les Simon « ont remis cet enfant en bonne santé » , déclaration qui parut dans le Moniteur Universel du 3 pluviôse an II (22 janvier 1794).
Après le départ des Simon, Louis XVII déménagea et fut enfermé au 2ème étage de la Tour.
Du 19 janvier au 28 juillet 1794 ⇑
Dès le départ des époux Simon, Louis XVII devint invisible. Personne ne le voyait. Il fut confiné dans la chambre qu’avait occupée son père et qui fut aménagée pour lui en cachot. Il fut au secret jusqu’à cette sortie très fugace de la nuit du 23 au 24 mai 1794 dont on parlera plus loin, et y revint un jour après, dans la nuit du 24 au 25 mai.
Depuis ce jour de mai, jusqu’au 28 juillet 1794, il vécut encore en reclus, dans l’obscurité, la saleté et probablement mal nourri. Ce fut le Conventionnel Barras qui le sortit de cette état de misérable claustration quand il fut nommé par les Comités de Salut Public et de Sûreté Générale responsable du jeune Roi au Temple à compter de ce jour de juillet 1794 et en faisant aussi nommer les gardiens de son choix. (Archives Nationales. A.F. 47-363 – Arrêtés nommant les gardiens des enfants de Capet – 10 thermidor an II - 28 juillet 1794).
Ceci est étudié dans la Rubrique « L’Évasion de Louis XVII du Temple ».