HOMMAGE À LOUIS XVII
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En 1900 parut dans le « Mercure de France » un écrit de Léon Bloy, très lié au second fils de Louis XVII, Louis-Edmond de Bourbon. Celui-ci montra à l’écrivain divers documents et pièces officielles concernant son père, encore considéré comme un « imposteur » dont le nom qui lui avait été imposé par le gouvernement prussien était « Naundorff ».
Précisons, en incise, que ce n’est que treize années plus tard, par le jugement rendu par le Tribunal de la Seine le 26 novembre 1913, que K.W. Naundorff fut reconnu implicitement comme étant Louis XVII et que sa descendance put légalement porter le nom de « de Bourbon ».
Profondément touché par le sort qui avait été réservé au dernier Roi légitime de France, Léon Bloy écrivit « Le Fils de Louis XVI », livre se voulant « vengeur », pour le moins. Sa plume nous va droit au cœur :
« Il est donc rigoureusement vrai d’affirmer le règne effectif de Louis XVII. »
« Les Monarques, même les plus certifiés, règnent comme ils peuvent et règnent que comme ils peuvent… Celui-ci, ayant été déclaré fantôme, ne put régner que comme fantôme, pour l’hallucination et de désarroi de son peuple atteint de démence qui ne put jamais le reconnaître et qui, pourtant, dut épouser son destin, car tel est la loi. »
« C’est à faire chavirer l’imagination de se dire qu’il y a eu un homme sans pain, sans toit, sans parenté, sans nom, sans patrie, un individu quelconque perdu dans le fond des foules, que le dernier des goujats pouvait insulter et qui était, cependant, « le Roi de France » !
« Le Roi de France, reconnu comme tel en secret par tous les gouvernements dont les titulaires suaient d’ angoisse à la seule pensée qu’il vivait toujours, qu’on pouvait le rencontrer à chaque pas et qu’il tenait presqu’à rien que la pauvre France, toute frappée à mort qu’elle fût, voyant passer cette figure de sa douleur, ne reconnût soudain le sang de ses anciens maîtres et ne se précipitât vers lui avec un grand cri, dans un élan sublime de résurrection. »
« On fit ce qu’on put pour le tuer. Les empoisonnements les plus barbares, le couteau, le feu, le poison, la calomnie et le chagrin noir, tout fut employé. On réussit enfin lorsque Dieu l’eut assez gardé et lorsqu’il avait déjà soixante ans, c’est-à-dire lorsqu’il avait achevé de porter la pénitence de soixante rois… »
Louis XVII, en effet, mourut empoisonné le 10 août 1845 à Deft, en Hollande, de la main d’agents de Louis Philippe 1er, faux « Orléans », usurpateur succédant à trois usurpateurs – Napoléon Bonaparte, Provence et Artois, alias Louis XVIII et Charles X.