LE « DOSSIER ROUGE »

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Introduction

On a beaucoup parlé du « Dossier Rouge », un dossier réunissant toutes les pièces prouvant que le dénommé « Karl Wilhelm Naundorff » était bien Louis XVII.

Louis XVII, le pseudo « Naundorff ( 1785-1845)

Ce Dossier, longtemps enfoui au Ministère des Affaires Etrangères de France, a été renié officiellement par les gouvernements successifs de notre pays, mais bien caché, scellé, en réalité, afin que personne ne pût connaître cette vérité que l’on connaît de plus en plus. Le problème est complexe : quelles pièces contient - ou contenait plutôt- ce dossier ?

Les pièces constituant ce Dossier
  • Des pièces, parmi les 202 que possédait Louis XVII, que Charles X, pour assoir sa tranquillité sur le trône de France usurpé, acheta à la Prusse à prix d’or.
  • En début 1810, Louis XVII errait en Prusse après avoir fui la France une fois sorti de la prison où l’avait jeté, pendant 4 ans, Napoléon. Il gardait précieusement sur lui 202 pièces attestant son identité royale, cousues dans le collet de sa redingote. Il donna la plupart de ces papiers au Conseiller Paul Le Coq, chef de la police de Berlin, lequel les remit au Ministre de l’Intérieur de Prusse. Ces papiers ne furent jamais restitués à Louis XVII. En guise de l’affirmation de sa véritable identité, le gouvernement prussien l’affubla de celle de « Karl Wilhelm Naundorff », identité qui le tua civilement à jamais.

    Ce furent le reste de ces papiers (en soustrayant donc ceux qu’avaient achetés Charles X à la Prusse) que le Prince August-Wilhelm de Prusse attesta avoir retrouvés par hasard, après la Première Guerre mondiale, dans les Archives de la Wilhelmstrasse à Berlin.

    Prince August-Wilhelm de Prusse ( 1877-1949)
  • Des documents que possédait encore Louis XVII quand il revint à Paris.
  • Louis-Philippe s’en empara, en 1836. Ce n’était pas les 202 pièces dont se saisit Louis-Philippe comme on le croit généralement, mais le reste de documents qu’avait gardé Louis XVII.


  • Des documents que possédait le Vatican.
  • Ceux-ci authentifiaient la survivance de Louis XVII, son sacre à Rome par Pie VI et son identité avec « Naundorff ». Le Vatican envoya ces pièces en 1850 au gouvernement français, dans un coffret rouge (d’où le nom « dossier rouge ») 5 ans après la mort de Louis XVII, demandant à ce que cela fût ouvert 100 ans après. Dans cette boîte furent versés les documents précédemment décrits.


  • Des dépêches de diverses Chancelleries d’Europe.
  • Celles-ci concernaient la survivance et l’identité royale de «Naundorff».


  • Les pièces qui servirent à Jules Favre dans ses plaidoiries.
  • Il s'agissait de témoignages sous serment, lettres, extraits de «Mémoires» et de diverses pièces d'Archives tendant à démontrer l’état civil royal de «Naundorff » et donc la légitimité royale des descendants de ce dernier.


    Jules Favre (1809-1880)

    Par ailleurs, le Roi de Hollande, Guillaume II, possédait des documents prouvant l’identité royale du pseudo « Naundorff », ce qui lui permit de resituer officiellement, en août 1845, la véritable état-civil lors du décès de Louis XVII à Deft et de lui ériger la tombe réparatrice que l’on connaît. Guillaume II avait un dossier et ce dernier est encore en Hollande car en 1909 la Reine Wilhelmine proposa au Gouvernement français de restituer les pièces gardées par son royal aïeul ; Clémenceau refusa. Ce Dossier est toujours en Hollande.

    Guillaume II de Hollande (1792-1849)
    Le Dossier Rouge de 1850 à 1906

    En 1850, lorsque le Vatican confia ses documents au gouvernement français, celui-ci était présidé par Charles-Louis Napoléon Bonaparte depuis 1848 (IIème République) avant qu’il ne devînt Empereur.

    Pie IX – Sous son Pontificat fut envoyé « la boîte rouge « en France

    Inutile de préciser que ce neveu d’un Empereur usurpateur – qui fit enfermer Louis XVII pendant quatre années en prison – n’était pas prédisposé à révéler la vérité de la survivance, d’autant que le feu Roi avait une descendance mâle…. Le Dossier rouge fut envoyé dans les fonds de l’oubli.

    Le "coffre rouge"

    Le temps passa, l’Empire s’effondra et la IIIème République prit les rênes du pays. Autre adversaire qui n’allait surtout pas fouiller des documents et révéler la vérité. Toutefois, un ennemi prestigieux entrava encore une fois l’éclosion de la vérité : Georges Clémenceau (1841-1929).


    Le Dossier Rouge et Clémenceau -1906-1920

    Clémenceau avait, en 1906, en tant que Ministre de l’Intérieur, le Dossier Rouge, ces documents prouvant la survivance de Louis XVII, l’identité royale du pseudo « Naundorff » ; ceci est attesté par son secrétaire, Augustin Chaboseau qui rapporta l’anecdote suivante à son ami Robert Ambelain : le Duc d’Orléans (8ème du nom) reçut le sobriquet de « prince Gamelle » parce qu’exilé et voulant revenir en France, il se fit expulser. Le nom resta.

    Georges Clémenceau (1841-1929)

    Des années après, Clémenceau, parlant du prétendant au trône, lança

    « Si Gamelle nous embête je lui flanque le Dossier rouge en tête »

    Crimes et secrets d’Etat de Robert Ambelain -Ed. Robert Laffont, Paris, 1980 - pages 142-143.

    Clémenceau savait user de ce dossier comme menace.

    Augustin Chaboseau ( 1868-1946)

    Et Chaboseau de préciser :

    « Le Dossier Rouge des Affaires étrangères rendit naundorffiste Clemenceau, Aristide Briand et Pierre Laval. »

    Ibidem

    Voici un court témoignage cité dans une lettre adressée au Cercle Louis XVII, qui confirme la connaissance qu’avait Clémenceau du Dossier Rouge :

    « … Clemenceau ouvrit les deux portefeuilles de marocain, le rouge et le vert, qui se trouvent scellés au Ministère des Affaires Etrangères et il déclara à son neveu, mon beau-père, le Comte de B… qu’il y avait là de quoi faire sauter des trônes d’Europe et qu’il ne fallait jamais livrer au public ces documents. Signé Comtesse de V… »

    Flos Florum, n° 52, avril 1954

    Ajouta-t-on une boîte verte à la rouge ?

    Un autre témoignage nous est donné par Sylvain Bonmariage, Comte B. de Cergy d’Erville dans la lettre datée du 15 mars 1948 qu’il adressa au Cercle Louis XVII et qui fut également publiée dans la revue Flos Florum :

    Sylvain Bonmariage, Comte de Cergy d’Erville (1887-1966)

    « Monsieur Clemenceau, Président du Conseil, dont je fus le collaborateur, reçut en 1906 la visite de la Duchesse d’Uzès, qui était son amie et de la Comtesse de Martimprey. Elles le supplièrent de lire ce dossier et d’en divulguer le contenu. Il se tut, et se retrancha derrière un secret d’Etat. Lors du Traité de Versailles, il se fit apporter l’anneau de Naundorff, honoraire symbolique de ce dernier à Jules Favre, extrait du Dossier Rouge. Il scella de ce chaton le Traité. Pourquoi ? Parce que c’est avec le même que Jules Favre signa le Traité préliminaire à la Paix à Versailles en février 1871… Au Dossier Rouge, ont été jointes toutes les pièces qui servirent à Jules Favre pour plaider et l’anneau donné à cet avocat par son client (Louis XVII). Le fait a été affirmé par Clémenceau devant le directeur de son cabinet, M. Fontin, trésorier-payeur-général du Var, M. Cahen, rédacteur au « Temps » et devant moi-même. »

    Un autre témoignage, celui de la Marquise d’Horschel, qui, lors de son premier passage à la Présidence du Conseil, vint prier Clemenceau de lui dire si, oui ou non, existait un dossier secret de la question Louis XVII, et dans le premier cas, de bien vouloir le lui communiquer. Clemenceau demanda quelques jours et à la Marquise, revenue le voir, fit cette réponse :

    « Le dossier est ici, dans mon cabinet, mais il n’en sortira pas, car il y a là un secret d’Etat. Pourtant, je vous promets que la vérité sera dévoilée. ». dans papier blanc)

    Il est patent qu’il ne tint pas parole !

    Le récit du destin que donna Clémenceau au Dossier rouge a été donné par une lettre reçue en décembre 1953, toujours par le Président du Cercle Louis XVII. Le signataire, B.M., ne voulut pas que son nom fût publié (pressentiment du danger?) et ne précisa pas le nom du magistrat dont il rapporta les propos (mais cet anonymat n’évita pas à celui-ci un décès brutal, comme nous verrons). Voici la lettre :

    « Le 16/12/1953.

    « Monsieur,

    « Quelques années avant la guerre 1935-1945, à la suite d’une conversation sur la question Louis XVII, un de mes amis, Monsieur F… B…, magistrat à Paris, me narra les faits suivants:

    « Alors qu’il était à la Chancellerie, Clemenceau, alors ministre, le fit appeler, lui dit qu’il venait d’être saisi d’une demande d’enquête (enquête privée) sur la question de la survivance possible de Louis XVII et sur Naundorff et son identité avec le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Il le chargea de cette enquête ; c’est-à-dire de vérifier et d’examiner, pièce par pièce, le « Dossier Rouge » du Ministère des Affaires Etrangères, ou du moins le dossier connu sous ce nom.

    « M. F… B… effectua ce travail et fut, d’après l’examen des documents, entièrement convaincu et de la survie de Louis XVII et de son identité avec Naundorff.

    « Il fit un rapport dans ce sens qu’il remit à Clemenceau. Celui-ci après en avoir pris connaissance, dit à M. B…. : « C’est bien, faites disparaître cela et qu’on m’en parle jamais plus. »

    C’est au cours de cette période que le Dossier rouge devint réellement inaccessible au point de croire qu’il avait été réellement détruit.

    Le Dossier Rouge pendant et après la Seconde Guerre Mondiale

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